Rudiano, le rethink entrepeneur
Ruddy Fiano alias Rudiano est originaire de Guadeloupe. Il a grandi dans la commune du Lamentin et suite à des études d’anglais sur le campus de Schœlcher en Martinique, il a choisi de s’installer en Angleterre. Aujourd’hui, il est actif sur le Net avec ses blogs, ses vidéos et ses créations musicales. Il propose notamment des contenus visant à se redécouvrir et à prendre conscience de son potentiel afin d’améliorer sa vie au quotidien. Il nous livre ici des informations sur son parcours et nous présente ce travail qu’il réalise.
Actif sur le net, on te découvre en tant Rudiano et en tant que Rethink entrepreneur. Pourquoi cette double identité ?
J’explore plusieurs facettes. Tout mettre sur le même weblog rend l’audience confuse, surtout au début, et n’aide pas à démontrer son expertise. Cela a été mon erreur avec mon premier blog Rudiano’s random ramblings.
Sur Rethinkentrepreneur.com, je me cantonne au thème du développement personnel. Mais mon nom de plume et d’artiste c’est Rudiano (combinaison de Ruddy et Fiano), plus facile à prononcer pour mon public anglophone.
Tu es originaire de Guadeloupe, mais tu vis maintenant depuis un certain temps en Angleterre. Peux-tu présenter la trajectoire qui t’a mené de ton île à ta terre d’adoption ?
Je suis arrivé en Angleterre en tant qu’assistant en langue étrangère en 2001. Le contrat était pour un an, qui s’est écoulé trop vite ! J’ai voulu rester plus longtemps pour « mûrir un peu plus » et rentrer en Guadeloupe, passer le CAPES pour être prof d’anglais (je ne fais pas mon âge et ça cause un problème d’autorité si on n’a pas un caractère bien trempé). Mais au final, le professorat n’est pas ce que je j’imaginais. Alors j’ai travaillé partout ailleurs. J’ai été le bon employé jusqu’en 2010 où je me suis rendu compte que mes efforts, ma bonne humeur et ma loyauté n’empêchaient pas qu’on me licencie. C’est alors que j’ai décidé d’explorer l’idée de travailler pour moi-même.
Les Anglais sont plus pragmatiques en matière de paperasse administrative donc travailler à son compte est très accessible ici. Voilà pourquoi je suis encore là-bas malgré le froid et la grisaille !
Le slogan de ton blog rethinkentrepreneur.com est Reflect, Redefine, Rise. Pourquoi ?
C’est une allitération (eh oui, mon bac L qui parle), mais aussi un résumé de mon approche : réfléchir aux idées reçues, redéfinir sa philosophie de vie après mûre réflexion avec la science à l’appui et surtout, agir en fonction de ces réflexions au lieu de rester en « pilotage automatique ».
Le pilotage automatique (la manière dont on a toujours pensé et fait les choses) est souvent un obstacle au progrès, donc un phénomène à regarder de près.
Sur ton blog, tu parles beaucoup de choix à réaliser afin d’exploiter au mieux son potentiel. Peux-tu expliquer ceci ?
Nous devons remettre en question nos idées reçues. Par exemple, l’adage « tout dans les muscles, rien dans la tête ». Cela encourage à négliger l’activité physique et à se focaliser sur tout ce qui est mental. Mais, en fait, des recherches ont démontré que l’activité sportive facilite l’activité cérébrale. C’est une des raisons pour lesquelles beaucoup de professionnels à responsabilité, PDG et autres, commencent leur journée de travail avec une session à la salle de gym.
Dans le domaine de la santé et de la productivité, on fait des erreurs qui à mon sens pourraient être facilement rectifiées. J’en parle sur mon blog.
Tes articles sont rédigés à partir de tes propres expériences. Peux-tu en quelques mots nous présenter ces changements que tu as pu vivre et comment cela a-t-il été possible ?
Je n’aime pas le changement ! Mais la vie m’en a servi pas mal (je me souviens avoir dû déménager 5 fois en 2 ans !). Je me suis rendu compte que je pouvais utiliser ces changements imposés pour créer la vie que je veux.
Le moment clé fut en 2010, après avoir perdu mon job suite à des problèmes de santé. Je me suis donné comme mission de retrouver ma santé et de travailler à mon compte. J’ai fait tout ce que j’ai pu trouver. Simultanément, j’ai exploré le domaine de l’entrepreneuriat sur le web. J’espère d’ailleurs pouvoir bientôt transitionner complètement sur le Net. Je vends des services en ligne, un ebook, une formation en ligne et ma musique.
Un des plus longs changements pour moi a été de changer ma mentalité d’employé salarié à celle d’un indépendant qui est proactif pour subvenir à ses besoins.
Tu penses donc qu’il est important d’intégrer au quotidien les connaissances que nous apportent les neurosciences afin d’améliorer nos conditions de vie ?
Tout à fait. Dans le domaine de la productivité par exemple, on pense naturellement que faire plusieurs choses en même temps permet de faire plus. Mais les neurosciences prouvent que l’on ne peut pas se concentrer sur plusieurs choses à la fois sauf si l’une des tâches que l’on entreprend est mécanique et automatique (conduire et écouter la radio par exemple). Se concentrer sur une seule tâche est à la fois plus efficace et plus rapide qu’on ne croit.
Savoir cela est bénéfique au bureau comme dans sa vie personnelle.
Quels sont, selon toi, les principaux concepts scientifiques que nous devrions adopter au quotidien ?
- Le principe de la neuroplasticité.
Il n’y a pas d’âge pour apprendre et ajouter des cordes à son arc. Le cerveau est comme un muscle, il faut le travailler pour qu’il reste en forme.
- Le principe de la neurogenèse
Nos cellules cérébrales se renouvellent à vie. On peut se réinventer à 20 ans comme à 77 ans. Il suffit de le vouloir et d’agir en conséquence (prendre soin de soi, activité physique, réduire le stress).
Dans ton livre Turbo charge your life, tu invites à repenser notre rapport au monde afin d’atteindre de meilleurs résultats dans ce que l’on entreprend. Peux-tu porter quelques précisions à ce propos ?
Nous sommes constamment bombardés de messages négatifs. Cela a pour effet de nourrir en nous un sentiment d’impuissance plutôt que de nous encourager à contribuer de manière positive. C’est une prison mentale.
Pour s’en sortir, il faut se nourrir de messages positifs. S’ils ne sont pas dans notre environnement immédiat, il faut les chercher en ligne. Ils sont là. Ils nous encourageront à voir des possibilités que l’on ne verrait pas autrement.
Tu proposes aussi de former à ces idées que tu mets en avant. Peux-tu présenter la Rethink Academy ?
La Rethink Academy est ma plateforme pour mes formations où je distille ce que j’ai appris sous une forme plus accessible et pratique.
Tu es aussi auteur, interprète, compositeur. Peux-tu nous présenter ton travail artistique ?
Oui, je suis un artiste indépendant. Je compose et enregistre mes morceaux sans label. Je veux conserver ma liberté de création et d’expression.
J’ai toujours voulu « percer » depuis tout jeune. Mais bien sûr, quand tout le monde vous dit que ce n’est pas une voie sérieuse, et qu’on s’aperçoit que l’environnement du show-biz peut être dangereux (combien de célébrités finissent malheureuses, isolées, traitées comme une commodité même si elles sont riches), on finit par se faire une raison. Mais, j’ai la musique dans les veines. Je joue du clavier. Récemment, j’ai appris un peu la guitare et les percussions, je connais. J’ai joué du KA quand j’étais jeune.
Mon style change, mais je dirais que c’est un mélange de Zouk, RnB et quelques fois d’Afrobeats. Je chante souvent en anglais et quelques fois en créole. Mais mon dernier single « traversée du désert » est en français.
Je sors un single une fois tous les 2 ou 3 ans. On peut me trouver sur iTunes, Amazon, Spotify… sous Rudiano bambino.
Quel est le secret qui te permet de mener à bien toutes ces activités ?
En anglais, on dit « if it’s still in your mind, it’s worth taking the risk ». Quand une idée ou un projet me revient constamment à l’esprit, cela veut dire que je dois l’essayer. Ça ne marchera pas forcément, mais je préfère cela à être rongé par le regret de n’avoir pas essayé.
Il y en a-t-il d’autres dont nous n’avons pas parlé ?
Oui, mais je ne les appellerais pas des secrets. Je dirais plutôt que ce sont des principes. Ils sont simples, mais on ne les suit pas forcément. Un principe qui me vient à l’esprit c’est de ne pas déléguer sa santé au docteur. J’entends par là qu’il faut rester vigilant et informé concernant sa propre santé plutôt que d’abdiquer et de s’attendre à ce que les médecins puissent nous « réparer » à coups de pilules et onctions. Il vaut mieux prévenir que guérir.
Dans la même veine, il ne faut pas déléguer toute son éducation au système scolaire. À l’échelle mondiale, ce système a du mal à s’adapter à la réalité de la vie active d’aujourd’hui. Il faut aussi complémenter son éducation sur le tas, faire ses propres recherches et investigations.
Un autre principe, c’est qu’on réussit rarement du jour au lendemain, peu importe ce que les médias veulent nous faire croire. Il faut penser au long terme, être prêt à faire des choses sans avoir de résultats au départ. Être patient. Ma philosophie c’est de faire les choses parce que je veux les faire avant tout. Si d’autres apprécient, c’est bien. Mais si je suis fier de mon travail, c’est aussi bien.
Les contenus que tu proposes sont en anglais. Étant originaire de Guadeloupe, penses-tu à l’avenir aussi intégrer le français et/ou le kréyòl dans ce que tu proposes afin de permettre à nos populations de suivre ton travail ?
C’est possible. J’ai fait quelques tests avec des blogs, mais ça reste à voir. J’ai commencé un blog en français en septembre 2010, car il me manquait d’écrire dans la langue de Verlaine et de m’amuser un peu. J’ai voulu le ton de ce blog plutôt léger et ludique, parsemé de calembours. Le thème est le même que Rudiano’s random ramblings : mes passions (langues, musique, ma vie…). En 2012, l’idée d’un blog en kréyòl m’est venue. Le créole devenait une langue de plus en plus écrite et un dialogue était ouvert quant à son orthographe. Donc j’ai beaucoup à apprendre à ce sujet. Cependant, j’ai voulu avec ce blog répertorier des expressions que j’ai entendues et/ou utilisées, de manière à ne pas les oublier. Mais j’ai besoin d’aide ! Ma liste est trop courte. J’avoue que je n’ai pas continué les tests par manque de temps et parce qu’il y avait peu de lecteurs.
Mais j’aime cette idée, surtout que cela me permettrait de réviser mon Français et mon créole (2 décennies en Angleterre, ça a ses conséquences).
Que souhaiterais-tu dire afin de conclure cet entretien ?
Merci pour cette interview, je suis impressionné par ton travail de recherche !
Et pour ton audience, les temps sont durs, mais l’isolation est une opportunité de se réinventer et de faire beaucoup, d’explorer, de tester… Carpe Diem !