Lang kréyòl-Gwadloup an tribinal

ÈS KRÉYÒL-GWADLOUP A PA TÉ KÉ ON LANG-LAFWANS ?

Nou vin apwann on nouvèl i lésé-nou èstébékwè. Dapré sa sé nouvélis-la ka di, pannan pwosé a on sendikalis, lajistis té ké dérifizé asèpté rézònman a akizé-la, poudavwa i té ka bay lèsplikasyon a-y an lang kréyòl-Gwadloup.

Lang Kréyòl-Gwadloup, sé lang matrisyèl a près toutmoun Gwadloup, sé lang yo ka sèvi touléjou. Adan tou sa yo ka fè an vi a-yo, adan tout péripési a Listwa, sé lang-lasa i toujou rédé-yo kenbé.

Lédikasyon nasyonnal ni plizyè lègzanmen é konkou ka montré lang kréyòl-Gwadloup ni on plas adan sosyété-la : Dépi 2001, tini on Sètifika, CAPES, èspésyal, ka bay lotorizasyon ansennyé é apwann Kréyòl adan Lékòl-la. Anplis, dépi dé lanné, on « konkou-agrégasyon lang-Lafwans » wouvè on òpsyon kréyòl, é adan Akadémi Gwadloup tini dé profésè agréjé-kréyòl. Tou sa pou di, tribinal Lajistis an Gwadloup té pou andwa konsidéré sitiyasyon-lasa, adan défans a akizé-la.

Sonjé, awtik 75-1, 2008, adan Konstitisyon a Lafwans, ka di : « tout sé lang réjyonnal-la sé patrimwàn Lafwans ». Sonjé osi, lè Kongré-la voté modifikasyon a Konstitisyon-la, an 1992, Minis-lajistis, Garde des Sceaux, èspliké sé sénatè-la é sé dépité-la, awtik 2 a Konsititisyon-la ka di « Lang fwansé sé lang a Larépiblik fwansé », men a pa pou opozé sé lang réjyonnal-la pwan tout plas a-yo adan sèvis-ladministrasyon a péyi-la. Kivédi, sa té pou an tout nòwmalité, lésé moun ka palé Kréyòl é Fwansé, douvan Lajistis, bay lèsplikasyon yo ni pou bay, adan lang-la yo plis alèz la.

Noutout plis ki sav, adan lanviwonnaj sosyal-la, sé an lang kréyòl on gran kantité moun ka èsprimé santiman a-yo é tout émosyònman yo ka viv. Anplis, a pa pou di Tribinal pa ni moun-èspésyal pou tradui an Fwansé sa yo ka tann an Kréyòl, yo ni sé moun-lasa, alòkifè nou oblijé di sa pa Lajistis, oben Lajistis pa annaks èvè lanviwonnaj a-y.

Nou oblijé pèwsisté lè nou ka vwè, pannan dènyé « Etats Généraux des Langues de France », EGEM, (OM) fèt Laréyinyon ant 25 et 28 òktòb 2021, près latotalité a sé moun a sé délégasyon-la mandé pou toujou ni èspésyalis tradiksyon lang réjyonal, pou toutmoun douvan Lajistis ké asiré yo kay pé di sa yo ni pou di adan lang-la yo ka palé la, é sé jij-la ké pé tann é konpwann. Sé jistikont obligasyon-lasa yo voté anfinal-dikont. Kifè, douvan lenjistis-la nou ka apwann jòdi-la, nou ka mandé ès nou ka déviré an macharyè adan sé lanné-la, avan 2001, ola moun té anba lòpsyon a lésèz ki té ka kondanné-yo, poudavwa yo té sèvi èvè lang kréyòl adan lékòl-la ?

 

CRÉOLE, LANGUE DE FRANCE ?

Nous avons appris avec stupeur dans les médias, que lors du procès d’un responsable syndical, certains des arguments qu’il a développés n’auraient pas été pris en compte pour sa défense, parce qu’ils ont été énoncés en créole. Le créole est la langue maternelle et usuelle des Guadeloupéens, la langue qu’ils ont toujours parlée et qui les a accompagnés dans l’histoire. Plusieurs concours de l’Education Nationale lui reconnaissent sa valeur et sa place dans notre société, et ce depuis 2001, avec le CAPES de créole et le concours spécifique créole. Par ailleurs, il existe une Agrégation des langues de France, avec depuis deux ans, une option créole, dénommée Agrégation de Créole. En Guadeloupe, il y a même deux agrégés de Créole, exerçant en lycée et plus généralement dans l’Académie. Le tribunal de la Guadeloupe devrait tenir compte de la valeur et de la place du créole, quelle que soit la circonstance. Rappelons, d’une part, que l’article 75-1 de la constitution, votée en 2008, précise que « les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France. ». D’autre part, lors du vote en 1992 sur l’ajout dans l’article 2 de la Constitution du principe selon lequel « la langue de la République est le français », le Garde des sceaux a certifié aux députés et sénateurs que cette précision ne nuirait aucunement aux langues régionales. Ce qui est normal, c’est de laisser le justiciable bilingue créolophone s’exprimer spontanément dans la langue qu’il veut. En outre, le tribunal en Guadeloupe est équipé en matière d’interprétation et de traduction du créole au français. Il y a là une injustice, et une inadaptation au contexte.

Nous ne pouvons qu’insister sur le fait que lors des derniers Etats Généraux des Langues de France, tenus à La Réunion du 25 au 28 octobre 2021, il a été demandé, à la quasi-unanimité des participants, que les tribunaux rendent systématique le recours aux traducteurs juridiques et donc que soit aménagée la formation poussée de professionnels à cette tâche, pour tous les justiciables qui en feraient la demande, leur laissant la liberté de s’exprimer dans leur langue usuelle. Il a été décidé que cette requête figurerait dans le document final récapitulant les desiderata des membres de ces Etats-Généraux de l’Outre-Mer. Face à une telle avancée lors de ces EG-OM, nous, en Guadeloupe, serions-nous en train de revenir aux décennies d’avant 2001, où le citoyen subissait la pression du monde de la profession pour avoir utilisé le créole à l’école ?

 

* Bilan des États généraux du multilinguisme dans les Outre-mer (culture.gouv.fr)

 

Kèk prèmyé moun i signé pou bay akò a-yo :

Premières signatures :

1. Juliette FACTHUM-SAINTON, Universitaire, professeure et docteure en anglais, Maître de Conférences honoraire en linguistique et phonétique créoles, et en Langue et Culture Régionale, anciennement responsable du CAPES de créole, Académie de Guadeloupe

2. Jean-Pierre SAINTON, Professeur d’histoire, Université des Antilles, membre du jury du CAPES de créole et de l’Agrégation des langues de France

3. Toni MANGO, professeur de créole, titulaire du CAPES de créole, cofondateur du Collectif pour le Créole au Bac dans l’Hexagone, à l’initiative de l’enseignement des langues et cultures créoles en région parisienne.

4. Mirna BOLUS, professeure de créole, titulaire du CAPES de créole, d’un doctorat en LCR et de l’AGRÉGATION des langues de France, Université des Antilles, anciennement membre du jury du CAPES de créole.

5. Elsa INIMOD-DERNAULT, professeure de créole et de lettres modernes, titulaire du CAPES de lettres modernes et de l’AGRÉGATION des langues de France, Académie de Guadeloupe.

6. Lambert-Félix PRUDENT, professeur émérite en sciences du langage, Université des Antilles.

7. Hector POULLET, professeur de créole et de mathématiques à la retraite, Académie de Guadeloupe, lexicographe de la langue créole, écrivain.

8. Moïse BENJAMIN, Professeur de créole, didacticien de la langue créole, écrivain, artiste.

9. Annick BENJAMIN, Traductrice interprète.

10. Jacqueline BIRMAN-SEYTOR, Professeure agrégée de Lettres modernes, titulaire d’un doctorat en Littérature Française Francophone et comparée, Université des Antilles et de la Guyane, Titulaire du certificat d’habilitation pour l’enseignement du créole.

11. Celia SORLINGUE-TREBOR, Professeure contractuelle alternante en LVR créole, Académie de Guadeloupe.

12. Sonia DORINA, professeure de créole, titulaire du CAPES de créole, poétesse de langue créole.  Initiatrice d’outils en didactique du créole.

13. René BEAUCHAMP, Enseignant retraité, membre fondateur et ancien secrétaire général du SGEG (Syndicat Général de l’Éducation en Guadeloupe) et du SPEG (Syndicat des Personnels de l’Éducation en Guadeloupe).

14. Eddly LEYDE, Assistante sociale, titulaire du Diplôme d’état des Assistants de Service Social.

15. Geneviève COINTRE, Poétesse d’expression créole.

16. Chantal COUVIN, CPE, Académie de Guadeloupe.

17. Ketty RIGOBERT, Professeure de créole, Académie de Guadeloupe.

18. Marie-Lise LAMI-DAHOMAY, Professeur d’espagnol à la retraite, responsable culturel à Gwadloup-Senfoni.

19. Krisyan DAHOMAY, auteur, compositeur, spécialisé dans le gwoka. Direction de Gwadloup-Senfoni.

20. Françoise FALÉMÉ- ABDOU, Professeure de Lettres-Histoire-géographie-Créole, lycée, Académie de Guadeloupe.

21. Jérémie TAVARS, Professeur de Lettres-anglais-créole, Lycée, Académie de Guadeloupe.

22. Claude ELUTHER, professeure de Chaire Supérieure, Agrégée de Lettres classiques, professeure en CPGE au Lycée Gerville-Réache, à la retraite, Académie de Guadeloupe.

23. Ena ELUTHER, professeur de langue guadeloupéenne, titulaire du CAPES de créole, et d’un doctorat en littérature, Académie de Guadeloupe.

24. Céline ANTENOR-HABAZAC, Professeur de Créole et de vente, Lycée, Académie.

25. Joël PERROT, Auteur, éditeur, artiste et informaticien. Promoteur de la langue créole.

26. Bruno PETRO, professeur de créole, titulaire du CAPES de créole, anciennement membre du jury du CAPES de créole, Académie de Guadeloupe.

27. Ashley SYVLAIN, professeure certifiée de créole, titulaire du CAPES de créole, Académie de Guadeloupe.

28. Marika NELHOMME, Professeure de créole, et de Lettres Modernes, titulaire du CAPES de créole, ancienne interlocutrice Académique pour le numérique-créole, Académie de Guadeloupe.

29. Alain, Daniel ANDRÉA, enseignant, Militant du créole, Guadeloupe.

30. Maël LAVENAIRE, Docteur en histoire contemporaine, enseignant et chercheur à l’Université des Antilles, fondateur RIVERT e-learning.

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