Jean-Fred Castry : le gwoka, une formation spécifique à l’excellence
Jean-Fred Castry est un saxophoniste guadeloupéen qui se définit comme étant un musicien gwoka. Il est le fondateur d’une école de musique basée dans la commune du Moule en Guadeloupe et depuis plus de 30 ans, il œuvre pour un enseignement de la musique à partir d’une approche qu’il a développée en s’appuyant sur une étude approfondie de la musique traditionnelle de l’île. Il est aussi l’auteur d’ouvrages présentant la méthode d’enseignement qu’il a créée afin notamment d’enseigner la mélodie gwoka. Il nous présente ici son parcours et le résultat de ses 42 années de recherche.
Pouvez-vous présenter les temps forts de votre parcours ?
J’ai fondé en 1990, l’école de musique C.E.F.R.I.M. (centre d’éveil, de formation, de rencontre et d’information pour la musique). Par la suite, en 2005, j’ai créé le centre de loisirs D.E.C.L.I.C. (développement par l’éducation culturelle, les loisirs et l’innovation constante). En plus de cela, nous faisons des interventions dans les écoles dans le cadre de l’éducation culturelle et artistique des enfants, que ce soit en tambour, flute à bec, instruments à vent, chant. L’objectif étant vraiment de tout recommencer à zéro, c’est-à-dire de faire comprendre que notre culture est basée sur le gwoka, sur le rythme, sur les jeux, et que tout cela nous amène à un développement personnel original. On nous dit souvent Guadeloupe, terre de champions, mais il faut comprendre que c’est parce qu’on s’adapte à tout. Nous avons un développement personnel qui le permet.
Avez-vous une équipe qui vous accompagne pour l’élaboration de tous ces projets ?
Oui, il s’agit de 2 associations. Nous avons donc des collaborateurs musiciens au C.E.F.R.I.M. Nous sommes 12 en tout. De l’autre côté, pour les enfants à D.E.C.L.I.C, nous avons 3 animatrices spécialisées en art et en culture guadeloupéenne. Ce sont 2 équipes complémentaires.
Qu’est-ce qui vous a mené à la mélodie gwoka ?
J’ai toujours essayé de jouer de la musique depuis petit. Je dis essayer parce que j’étais autodidacte. Depuis l’âge de 9 ans, j’ai commencé la flûte à bec et j’ai d’abord réussi à jouer des petites mélodies faciles. Ensuite, j’ai beaucoup écouté tout ce qui se faisait à l’époque. C’était la biguine et la musique kadans ranpa d’Haïti. Par la suite, je suis parti faire des études, j’ai découvert le jazz. Au retour, je me suis rendu compte que j’avais des amis qui étaient tanbouyé donc quand on partait faire des excursions ou des soirées culturelles, comme j’étais saxophoniste, ils attendaient de moi que je joue du saxophone avec eux, mais on ne m’avait pas appris cela. Donc on jouait ensemble, on faisait ce qu’on pouvait.
Jusqu’au jour où je suis tombé sur un livre de Gérard Lockel. Il proposait de kaskòd avec cette tendance à copier les autres et de jouer une musique de chez nous. Ce discours m’a plu. Donc, je me suis dit qu’il faut que je recommence tout à zéro. À partir du livre, je me suis formé techniquement à une certaine rigueur du frazé gwoka.
Depuis, je n’ai plus arrêté jusqu’au jour où il y a une trentaine d’années, je me suis dit que je vais essayer de voir ce que je peux apporter dans ce domaine aussi. J’ai pris environ 130 morceaux traditionnels, je les ai analysés et j’ai écrit une théorie qui est un peu différente de ce que j’avais absorbé pour le gwoka modèn. Par la suite, j’ai écrit une vingtaine de livres sur le sujet.
Avez-vous réalisé des études de musicologie ou s’agissait-il d’un domaine totalement différent ?
Mes études n’ont rien à voir avec la musique. Quand je suis parti de la Guadeloupe, je suis parti pour étudier la biologie. Après les études, j’ai étudié la musique très rapidement à ma façon en prenant des cours avec de très grands maîtres de jazz. Je n’ai pas fait un conservatoire national ou autre. Mais, c’était peut-être ma chance ! Ils ont fait de moi plus un intellectuel de la musique qu’un copieur. Donc, c’est ce qui m’a sauvé, qui m’a donné cet appétit qui me pousse à toujours essayer de comprendre et de toujours essayer de voir pourquoi les choses s’ajoutent et font un tout.
Il faut dire aussi que j’ai quand même eu un peu de chance d’un autre côté aussi parce que très rapidement, quand j’ai fait mon premier cycle de biologie, je me suis retrouvé à l’école polytechnique directement en stage. Les meilleurs stages dans les très grands laboratoires étaient réservés aux meilleurs étudiants. Donc, je me suis retrouvé à l’école polytechnique de Palaiseau en stage pour 4 mois. Après le stage, ils m’ont carrément proposé d’arrêter les études et de rejoindre leur équipe. Ce que je n’ai pas pu faire parce que le service militaire ne m’a pas libéré. Donc, je me suis retrouvé avec une formation de 4 mois dans un des plus grands laboratoires de France avec un appétit de jeune loup de 21 ans qui a envie de s’exprimer intellectuellement.
Quand ils m’ont enfermé pour le service militaire, là, j’ai dévoré les livres de musique et de théories musicales. Depuis lors, je suis devenu un intellectuel qui s’exprime non plus dans la biologie, mais dans la recherche musicale appliquée à mon pays et à la musique gwoka. Ça a fait de moi, ce que je suis.
Comment êtes-vous parvenu, juste à partir d’une connaissance générale de la musique et à travers la lecture d’un livre, à développer la mélodie gwoka ?
En fait, j’étais un peu comme tout le monde. Je me suis dit que le gwoka c’est ma musique donc il n’est pas question que je m’exprime dans une autre musique. Mais, c’est plus facile à dire qu’à faire. La musique a beau être la nôtre, si on ne sait pas par quel bout entrer on reste dans la médiocrité. Donc, j’ai absorbé ce que Gérard Lockel avait écrit. Cela a été relativement facile pour moi parce que j’avais l’habitude de dévorer un peu de tout. J’ai pratiqué avec une certaine passion, une certaine rigueur durant 3 – 4 ans pour vraiment avoir une technique extraordinaire.
L’autre chance que j’ai eue, c’est qu’un jour sur la plage, Gérard Lockel passait et il a vu un petit jeune qui travaillait. Ça lui a ôté l’envie de se baigner. Il est retourné en ville pour dire qui est ce petit jeune qui travaille aussi rigoureusement. Il va réussir ! Donc, il m’avait repéré. Et, un an plus tard, il m’a proposé de lui faire voir ce que j’étais capable de faire.
Après, j’ai commencé à jouer avec lui. Je ne me suis jamais arrêté parce que je me rendais compte que tout était facile pour moi. J’ai tout simplement fait le choix d’avancer. Quand je n’ai plus eu à comprendre, je me suis dit que le reste c’était à moi de le faire. Là, je me suis mis au travail et en décortiquant plus d’une centaine de morceaux j’ai trouvé des choses intéressantes intellectuellement qui me font dire que nous avons un ensemble de caractéristiques dans le gwoka qui stimulent nos cerveaux dès notre jeune âge et qui nous conduit à un développement personnel très original et très particulier. Je soupçonne cet ensemble de pratiques que nous avons dans tout ce qui est gwoka, mayolè, bènaden, tous ces petits jeux qu’on fait autour du rythme, de nous donner cet avantage de pouvoir nous adapter aussi facilement. C’est vrai intellectuellement. Avant, alors qu’on commençait à parler français vraiment à l’âge de 6-7 ans, à 18 ans nous étions prêts pour passer le bac et pour continuer à l’université. Dans le sport, c’est pareil. Nous nous adaptons aussi facilement. Comment pouvons-nous l’expliquer ? Je crois que l’on a dans notre culture un laboratoire de formation personnelle qu’il faudrait explorer. Il faudrait en extraire un véritable cours académique pour l’avenir. C’est ce qu’on pourrait porter au reste de l’humanité, je pense.
Combien de temps a duré votre collaboration avec Gérard Lockel ?
9 ans pendant lesquels on a fait beaucoup de répétitions, beaucoup de concerts.
Pouvez-vous expliquer ce que vous appelez un laboratoire de formation personnelle ?
Nous avons la chance d’avoir une culture dans laquelle la rivalité, l’opposition sont naturelles. C’est amical et cela s’exprime dès le jeune âge. Par exemple, dans le fait de jouer du tambour. Le tambour boula joue de manière cyclique la même chose, mais dès que l’on a fixé un tempo, il n’est plus possible ni de le ralentir, ni de l’accélérer, ni d’arrêter car on serait ridicule. Donc, on est toujours en position de donner le meilleur de nous-mêmes à chaque fois puisqu’on est dans une position où on peut être jugé. Si on considère le solo, il y a une opposition et un jeu entre le danseur et le makè. Donc, celui qui dérape est jugé. Considérons le bènaden, c’est la danse en musique où l’un essaie de toucher l’autre. Il faut à la fois être souple, précis, attaquer au bon moment. Ce n’est rien d’autre qu’une forme d’excellence. On peut considérer aussi le zizipan, là où il faut déplacer une roche dans le rythme. Chaque personne déplace une roche. Si tu as du retard, l’autre met sa roche sur ta main. Donc, c’est une rigueur. Dans les jeux nous nous formons à l’excellence au niveau de la rapidité, de la régularité, de la précision, du choix du bon moment pour passer à l’action.
Nous n’avons que des jeux qui font intervenir l’intelligence, la précision. Tous les critères tels que l’improvisation, la créativité, nous les travaillons en permanence de manière inconsciente dès le plus jeune âge. Comme nos grands-parents et nos parents ont toujours pratiqué cela, chez nous il y a un reste. Je pense que même si une génération ne l’a pas travaillé, les générations d’avant ont tellement maîtrisé ces choses-là que nous héritons génétiquement de ces aptitudes. Elles nous conduisent à exceller dans des domaines de la vie moderne. C’est pour cela que je dis qu’il faudrait que l’on refasse une éducation artistique et culturelle systématique basée sur cette richesse pour entretenir ces aptitudes que nous avons. Comme cela se fait à travers des jeux, pour les jeunes c’est très bien puisqu’ils ne se rendent même pas compte qu’ils font des efforts que beaucoup de champions font pour s’entretenir au plus haut niveau.
Avec vos associations, comment arrivez-vous à transmettre cela aux jeunes et qu’avez-vous pu constater à travers vos expériences sur le terrain ?
Les expériences sont diverses et dépendent des niveaux. Au niveau de l’école de musique par exemple, d’abord on travaille la pratique des instruments. Après, on fait les enfants jouer ensemble. Et, on les fait tenir des rôles différents dans un groupe. Bien sûr, on voit que certains sont plus avancés que d’autres. C’est normal. Mais, au fond, on se rend compte que tout le monde arrive à jouer un peu tous les rôles. Et, il y a comme un décloisonnement qui se fait. Des choses qui sont dites difficiles se font spontanément par la culture, par la répétition, mais surtout pour n’avoir jamais mis de barrières en indiquant qu’un rôle est difficile. On les laisse faire comme ils peuvent et ils passent d’un niveau à un autre sans se poser la question.
Beaucoup de gens disent, par exemple, que lire une partition c’est difficile. Il suffit qu’un enfant le fasse très régulièrement, il finira bien par réussir un beau jour sans s’être posé la question de la difficulté. Pour l’improvisation, c’est pareil. Si on demande à certaines personnes de la pratiquer, elles disent qu’elles ne peuvent pas. Mais, on met les enfants en situation, ils s’amusent avant tout et un beau jour ils improvisent. Tout comme lorsqu’on apprend à parler, on met un enfant dans un environnement et un jour il parle. Là, c’est pareil pour la musique, pour les rythmes, pour les mélodies et tout le reste. C’est la pédagogie que nous choisissons. Nous créons un environnement favorable et les choses se font d’elles-mêmes.
Selon vous, il faudrait repenser tout le système éducatif en se fondant sur cela ?
Absolument. Nous avons dans nos cultures, un apprentissage de précocité de l’effort qui se fait par le jeu. Tous les jeux que nous faisons laissent des traces dans le corps. Nous aimons bouger, nous amuser, rire, simuler une attaque, improviser, paraphraser, ce sont des éléments qui sont formateurs. Dès notre jeune âge, nous fonctionnons ainsi de façon intensive puisque nous le faisons tous les jours et dans tous les domaines.
Être gwoka, c’est bigidi, c’est ne jamais aller directement, mais c’est arriver quand même. Après, c’est valable dans tous les domaines. Dans la consommation aussi. Nou pa’a fè chanpagn mé nou ka konsonmé pi chanpagn ki tout moun. Il est vrai que cela peut être négatif. Par contre, lorsque l’on s’attache à l’exploiter positivement, ça nous sert d’être surentraînés, d’être préparés par des moyens détournés non soupçonnés. Toutes ces choses font que nous sommes ce que nous sommes.
Alors, évidemment, si on savait exactement là où il faut aller piocher les choses et les mettre ensemble, on pourrait faire un laboratoire guadeloupéen qui serait un centre de formation qui serait capable de former l’humain avec ces moyens qui nous sont propres.
L’objectif, selon vous, serait que cette préparation devienne consciente. C’est cela ?
Oui, il faudrait que des chercheurs s’attèlent à cela. Je pense qu’on peut extraire de cette masse de faits comportementaux ce qui est efficace.
Les jeux, les relations sociales, et même la façon que nous avons de ne pas nous entendre, est-ce si négatif que cela ? N’est-ce pas quelque chose qui pousse à toujours s’améliorer, se surpasser, s’imposer, se réinventer ? Peut-être nous faudrait-il conserver cela.
Vous avez écrit une vingtaine de livres. Quel public souhaitiez-vous cibler avec vos écrits ?
Au tout début, il s’agissait des musiciens. Comme je suis saxophoniste, je suis improvisateur, je pensais expliquer aux artistes comment travailler chaque jour afin d’improviser et atteindre l’excellence. Après, j’ai découpé cela en différents niveaux et fait des propositions pour chaque année d’apprentissage. Puis, on a pensé à un répertoire de morceaux composé pour être des supports pédagogiques pour chaque année de cours.
Ensuite, les choses ont évolué. Quand j’ai commencé à comprendre comment écrire une théorie pour la musique gwoka, j’ai commencé à me poser la question de l’intelligence et de la mémoire dans cette théorie. Et, j’ai réussi à comprendre pourquoi on ne peut pas passer de n’importe quelle musique au gwoka. J’ai aussi compris que penser que le développement de la musique guadeloupéenne passait par l’utilisation de ce qu’on fait dans notre musique était une utopie, était un danger. En fait, nous n’avons pas une musique qui est réellement une musique. Nous avons une musique qui est un ensemble de jeux.
Dans le gwoka, les tanbouyé s’amusent. Dans le mayolè, les batonyé s’amusent. Le chanteur gwoka s’amuse avec les rythmes, avec les sons, les frazé, etc. Cela m’a amené à chercher à comprendre comment le chanteur gwoka, le leader, peut cumuler toutes les libertés en même temps et gérer toutes ces libertés de manière autoritaire pour attirer notre attention sur une chose et se dérober sur une autre et à chaque fois qu’il nous laissait sur notre faim, on était obligé de le suivre parce que, lui, gardait l’autorité. Et, j’ai bien compris que ça mettait en avant l’intelligence et la maîtrise. J’ai fini par comprendre que là où on croyait que quelqu’un devenait tanbouyé, ou chanteur, ou musicien parce qu’il n’était pas doué pour réussir scolairement, en fait il s’agissait des plus intelligents.
Prendre la tête d’une assemblée et mettre tout le monde derrière soi, comme faisaient par exemple les grands chanteurs comme Robert Loyson, Germain Calixte et les autres, ce n’est pas rien. On peut former beaucoup d’avocats, de médecins ou autres chaque année, mais la Guadeloupe n’a formé que 2 ou 3 grands dans la musique traditionnelle par décennie, voire par génération. Il faut donc comprendre que ce n’est pas donné à tout le monde. À partir de cela, j’ai commencé à déterminer les critères que j’ai appelés lwa ka. Il y en a 7. Ces critères sont notamment comment jouer avec le son, avec les rythmes, avec les modes donc les gammes, avec les frazé et avec ce qu’on appelle lawmoni, c’est-à-dire cette liberté de passer d’une couleur sonore à une autre. Toutes ces libertés sont manipulées par le chanteur soliste.
D’abord, l’intelligence et après on comprend la place de la mémoire qui peut aider. On comprend aussi la place du travail qui peut aider à préparer un répertoire et le travail physique même de développement de la compétence vocale ou de développement de la compétence instrumentale, tout cela vient après. Mais, la force de l’intelligence apparaît avant tout. Donc, nous avons une pratique de tous les jours qui est à la portée de tout le monde, mais qui fait chaque personne aller jusqu’à son maximum. Au niveau de l’enseignement par exemple, on commence par un petit jeu qui est à la portée de tous qui est le waké lanmen et ça va jusqu’à l’excellence de Robert Loyson qui peut créer sans limites.
Avez-vous écrit des livres grand public permettant de présenter cette théorie que vous avez développée ?
En fait, ce ne sera jamais tout à fait grand public. Cela restera beaucoup plus accessible aux musiciens. Les autres pourront cerner certains aspects, mais j’avoue que le travail destiné à démocratiser tout cela reste à faire.
Est-ce qu’on peut dire que ce travail est une continuité de la théorie du gwoka modèn ou est-on dans quelque chose de différent ?
On est un peu dans autre chose. Le gwoka modèn est plutôt une spécificité et moi, je suis plutôt dans la généralisation parce que nous avons ces 7 critères principaux qui varient. On peut privilégier l’un des critères par rapport aux autres. Par exemple, le gwoka modèn est une musique qui se joue dans une gamme appelée la gamme gwoka. Dès lors qu’on se fixe dans une gamme, on a valorisé un critère par rapport aux autres. Moi, j’essaie de laisser une sorte d’ouverture parce qu’on voit que dans la musique gwoka des léwòz, ce n’est déjà pas pareil que dans la musique de véyé. Dans la musique de véyé, il y a plus de liberté pour la mélodie parce qu’il n’y a pas de danseurs et pas de tanbouyé. Donc, tout l’effort artistique est concentré sur le chanteur principal.
Quand on regarde dans d’autres contextes où la mélodie africaine s’est développée, comme dans le mayolè, on voit que les mélodies sont beaucoup plus sous forme de questions-réponses. Donc, il y a des diversités selon que les 7 critères sont développés à égalité ou qu’on privilégie l’un d’entre eux. Donc dans le gwoka modèn, la gamme est privilégiée. C’est vrai qu’on a abouti avec à une virtuosité qui est permanente, mais c’est au détriment d’autres critères. Donc, je suis dans une approche plus générale qui forme à un tronc commun. Après, chacun peut choisir de privilégier un critère plutôt qu’un autre tel qu’il le désire. Mon approche dépasse la musique en elle-même et c’est vraiment un comportement d’éducation artistique et culturelle.
Comment appelez-vous ce que vous faites ?
Ce que je fais c’est le gwoka. C’est vraiment le gwoka en tant que manière de se comporter dans notre société. Elle devient musique gwoka quand on tape dans les mains et qu’on chante. Mais, en tant que Guadeloupéens, nous avons une façon de vivre, d’être qui est aussi gwoka. Fondamentalement, je pense que le gwoka est une manière d’être ensemble pour le Guadeloupéen.
Quelle est votre actualité la plus récente ?
Nous sommes en train d’ouvrir un centre de formation pour les métiers du gwoka. Nous nous tournons vers la formation d’animateurs spécialisés en gwoka. Donc, il peut s’agir d’animateur pour le chant, d’animateur pour la danse, d’animateur pour les cours de tambours, d’animateur pour constituer des petits groupes d’expression gwoka avec les enfants pour les centres de loisirs ou les écoles. Il y a également les métiers pour les interventions dans le cadre de l’éducation artistique et culturelle. Le but est de créer des ambiances de travail artistique dans la culture guadeloupéenne puisque l’éducation nationale a créé le concept de cours d’éducation artistique et culturelle.
Nous formons également des musiciens gwoka, quel que soit l’instrument. Et, nous proposons des masterclass dans les divers domaines. Nous avons réussi à passer l’audit de Qualiopi pour la qualité. Nous sommes donc prêts à former des gens pour les métiers d’animateur, de musicien et d’intervenant artistique spécialisés dans le gwoka. Nous allons ouvrir officiellement le centre professionnel de formation pour les métiers du gwoka à partir de ce mois de février.
Qui peut s’inscrire à ces formations ?
Toutes les personnes qui disposent de points CPF et qui peuvent faire valoir le droit à la formation professionnelle continue peuvent nous consulter et voir s’il y a une formation qui répond à leur besoin. Nous souhaitons vraiment former en urgence de jeunes demandeurs d’emploi pour les aider à trouver leur voie et surtout pour qu’ils ne partent pas de rien, mais plutôt qu’ils évoluent dans un contexte où tout est fait pour les accueillir. Les personnes qui souhaitent avoir plus de précisions peuvent nous contacter au 0590 23 74 50.